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martes, 27 de agosto de 2013

Hélie Denoix de Saint-Marc :le sens de l’engagement et du dépassement de soi

Le champ de braise s’est éteint 
pour Hélie de Saint-Marc


Hélie Denoix de Saint-Marc s’est éteint à l’âge de 91 ans à La Garde-Adhémar, dans la Drôme. Il était l’un des derniers survivants du réseau de résistance Jade-Amicol et le dernier survivant du putsch des généraux en avril 1961. Entre résistance, déportation, combat en Indochine et en Algérie, engagement en faveur de l’Algérie française, il aura été de tous les combats patriotiques du siècle dernier.

Né en février 1922 à Bordeaux d’un père avocat strict et anti-républicain et d’une mère issue d’une famille de notables, il est le dernier d’une famille de sept et passe son enfance dans le Périgord dont le souvenir le marquera. Son enfance est également marquée par l’empreinte du christianisme qui lui inspire la culpabilité mais aussi la beauté de l’engagement. Première influence, premier moteur d’héroisme. S’y ajoutent des figures tutélaires, des figures historiques (Jeanne d’Arc, les croisés, Charette), les aventuriers contemporains (Mermoz, Guynemer), les écrivains (Saint-Exupéry, Bernanos, Psichari). Très jeune, il ressent l’appel de l’aventure et de la fraternité des armes. Il se tient également au courant des grands bouleversements politiques des années 1930.

La défaite de juin 1940 le surprend comme beaucoup et le heurte profondément. Premier choc, première désillusion, pas la dernière. Premier engagement également lorsque, en février 1941, à 19 ans à peine, par l’intermédiaire d’un professeur jésuite, il est présenté au responsable du réseau de résistance Jade-Amicol, le colonel Arnould. Affecté à des missions de transport de documents secrets, il connaît ses premières peurs. Arrêté suite à une dénonciation en juillet 1943 alors qu’il tentait de franchir la frontière espagnole, il est déporté à Buchenwald à 21 ans, l’âge de la majorité à l’époque. Il y connait une nouvelle épreuve faite de souffrances, physiques et psychologiques, de bouleversement des valeurs, d’effroi, mais aussi de courage et de générosité. Il y rencontre des hommes qu’il n’aurait jamais connu autrement, notamment un Letton qui le sauve d’une mort certaine en partageant avec lui sa nourriture. Lorsque les Américains le récupèrent en avril 1945, il ne pèse plus que quarante-deux kilos et ne se souvient plus de son propre nom durant plusieurs jours.

Revenu de l’enfer en France, il garde les traces de cette épreuve et voit la libération d’un goût amer avec les difficultés et les bassesses de l’après-guerre. Cherchant à se reconstruire, il s’engage pour une formation à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, puis s’engage finalement à la légion étrangère. C’est ainsi qu’il embarque pour l’Indochine en 1947 pour sa nouvelle aventure. Au sein de la 3e REI, il commande des sections de partisans Thos, très hostiles aux communistes dont il apprend à connaître les mœurs et les mentalités. Il mène de durs combats sur la RC4, à Talung, à Cao Bang. Il doit alors affronter l’épreuve de l’abandon des populations de partisans qui les avaient soutenus lorsqu’il doit évacuer le poste de Talung. Deuxième traumatisme, très profond, qui influera beaucoup sur ses engagements ultérieurs, et qu’il appellera sa « blessure jaune ». En 1951, il effectue son deuxième séjour en Indo, cette fois au sein de 2e BEP (Bataillon étranger de parachutistes) en tant que commandant du 2e CIPLE (Compagnie indochinoise parachutiste de la Légion étrangère). De nouvelles épreuves avec, à nouveau, la perte de camarades de combat : le chef de bataillon Raffali, chef de corps du 2e BEP au Tonkin, l’adjudant Bonnin à Hoah Binh ou encore le général de Lattre de Tassigny décédé des suites d’une intervention chirurgicale, tous à quelques mois d’intervalles.

Puis, ce fut l’Algérie, l’ultime aventure et occasion d’autres blessures et déceptions. De nouveaux combats, la guérilla du désert, dans les Aurès et l’Est constantinois comme capitaine, puis à Alger même, de nouvelles rencontres avec les généraux Challes et Massu, Jacques Morin, Roger Faulque. Il découvre ainsi le petit peuple pied-noir pour lequel il se prend d’affection ainsi que les harkis. C’est en grande partie pour eux que, en avril 1961, il participe à la tête du 1er REP (Régiment étranger de parachutiste) à la tentative de putsch sur Alger. C’est un échec, un de plus après l’Indochine et le dernier combat qu’il mènera en uniforme. Se constituant prisonnier, il passe devant le Haut tribunal militaire le 5 juin 1961 où il expose sa défense, calmement et humblement, l’impératif moral qui l’a poussé à ne pas abandonner ses compagnons d’arme comme il avait dû le faire en Indochine. Condamné à dix ans de réclusion criminelle, il passera cinq ans à Tulle avant d’être gracié par le président Charles de Gaulle, celui-là même dont il avait combattu la politique. Il devra cependant attendre 1978 pour recouvrer l’ensemble de ses droits civiques. Ultime épreuve et ultime humiliation pour celui qui n’aura cessé de mettre sa peau et son âme au bout de ses idées.


Lire ici: ndf.fr

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